Format — VO
Editeur — Image Comics
Scénario — Kyle Higgins
Dessin — Marcelo Costa
Couleur — Rod Fernandes (assistant coloriste)
Lettrage — Becca Carey
184 pages — 9.99$
Vous êtes assis sur le parvis non loin du Sacré-Coeur, à Paris. D'un ai dépité, vous dévérouillez votre smartphone puis vous ouvrez votre application bancaire. Sans grande surprise, vous êtes à découvert. Encore. Vous vous demandez à quoi bon continuer ? Que faire ? Paris est pleine de vie et d'activité mais vous avez l'impression que tout s'arrête ici. Alors que vous rangez votre smartphone en soupirant, Paprika s'assied à coté de vous et annonce :
"Dur dur d'être dans la cave hein ? Te bile pas, ça va s'arranger ! Je connais un type qu'est dans la même situation que toi. Nathan Burnett, un vrai crétin. Mais il s'en est tiré quand même ! Tu sais comment ? En devenant un super-héros extraterrestre ! Regarde, je t'ai ramené un guide sur comment faire !"
Vous la considérez d'un air incrédule, elle semble tout à fait sérieuse. Elle ouvre sa valise et vous agite un comic-book sous le nez. Il s'agit du premier tome de Radiant Black.
Mighty Morphin Lawsuit
Image Comics. Probablement l'un des plus gros éditeurs de comics aux USA, derrière Marvel et DC. Fondé dans les années 90 par des gens mécontents de la façon dont ils étaient traités par les big two", ils ont fondé ce studio qui permets à des créateurs de lancer leur propre série où les personnages leur appartiennent, ils en font donc ce qu'ils veulent. Si certains titres phares comme "Spawn" ou "Savage Dragon" sont bien connus, toutes leurs publications ne tournent pas sur le thème des super héros. Le studio a traversé les époques avec toute la richesse culturelle qu'on lui connaît et nous nous retrouvons donc en 2021, juste après la première grosse vague de coronavirus. Le projet est ambitieux : un univers partagé avec des créations originales sur le thème des super-héros mais en plus moderne que Marvel ou DC. Comme tout bon univers, il y a un titre. "Le Massive-Verse".
"Mais... c'est nul à chier comme titre !"" t'exclame-tu, stupéfait. Alors oui, le titre est pas dingue mais tout a été lancé avec ce premier titre : Radiant Black. D'ailleurs c'est pas fifou non plus comme titre, pris au sens littéral c'est un gros univers avec un noir qui brille. Pas le pitch le plus engageant du monde, mais j'ai comme toujours été très joueuse et j'ai laissé sa chance au titre. Je n'ai pas été déçue et j'ai même passé un moment de lecture tout à fait sympathique. Laisse moi te dire pourquoi en détails...
Circle Guy
Le scénariste, c'est Kyle Higgins. Il a débuté sur "NightWing" en 2011 chez DC, puis il a vivoté à gauche à droite avant de se lancer chez Image déjà en 2014 avec sa propre série : "C.O.W.L". Après ça, il a été annoncé comme scénariste pour Power Rangers et c'est à lui que l'ont doit l'inclusion d'un tout nouveau méchant officiel Power Rangers, Lord Drakkon. Peu après, il oeuvrera sur l'arc narratif "Shattered Grid". Il a encuite continué sa route chez DC sur une minisérie Nightwing de type Elseworld, "Nightwing : The New Order". Il arrive en 2020 chez Marvel et supervise le comic book "Ultraman". Et en 2021 il se relance chez Image avec Radiant Black. La série marche si bien qu'elle est lancé en tant qu'univers à part entière lors du crossover entre les séries "Radiant Black", "Inferno Girl Red" et "Rogue Sun". (je tiens à mentionner que Inferno Girl Red n'a strictement rien à voir avec le personnage de Radiant Red, vue dans Radiant Nlack !)
Quant au dessinateur, Marcelo Costa, "Radiant Black" est sno premier rodéo en tant que dessinateur. D'abord coloriste sur "Power Rangers" ou encore "FireFly", tous deux publiés chez Boom, il se lance dans le bain du dessin avec Radiant Black. Néanmoins il ne sera pas seul sur la série, certains passages sont dessinés par des invités comme French Carlomagno, Eduardo Ferigato, David Lafuente ainsi que Stefano Simeone. Tout ce petit monde est escorté par Becca Carey au lettrage. Tous ces ingrédients donnent le contexte inhabituel du Massive-Verse. Maintenant que t'es rôdé sur les infos de la série, abordons l'histoire !.
Black Radiant
Nathan Burnett est un idiot. Un idiot comme vous et moi. Conducteur d'Uber le jour, il tente de s'en sortir mais une dette de près de 40 000$ lui plombe la vie. Il n'a donc plus qu'une solution : retourner chez ses parents. Son rêve était de devenir écrivain mais sa carrière n'a jamais décollé car il n'a jamais réussi à écrire. C'est juste un type totalement banal qui a raté sa vie jusqu'à maintenant. Trop fier pour dire la vérité à ses parents, il prétexte un retour chez eux pour redémarrer du bon pied. Mais en revenant dans sa ville natale, il retrouve également son vieux pote Marshall. Ce dernier est curieux de voir ce qu'est devenu Nathan.
Tous deux sortent boire un coup et près s'être moqué de sa dette Marshall l'emmène au dehors. Sur une voie ferrée, ils découvrent une sorte de mini trou noir flottant dans l'air. Poussé par la curiosité, Nathan le touche et devient alors Radiant Black. C'est une entité lui donnant accès a des pouvoirs de gravité, il est capable de soulever des choses par la pensée et de voler. Marshall est sidéré par cette découverte et encourage aussitôt son ami à sa lancer comme super-héros officiel. Mais alors qu'il réalise à peine ce qu'il est devenu, la police se montre à sa porte : Il y a un autre costumé qui lui ressemble beaucoup mais vétu de rouge qui a fait son apparition en ville et il a braqué une banque.
Synthèse Téléologique
Radiant Black est vraiment une bonne surprise pour moi. Je ne m'attendais pas à grand-chose, sans être mauvais, Higgins n'était pas non plus exceptionnel sur Power Rangers. Mais la liberté de scénario, un univers complet et tout ce qui va avec semblent avoir fait beaucoup de bien à ses qualités narratives. Certains reprocheront le schéma un peu trop terre-à-terre en prenant un type blanc qui a raté sa vie pour recevoir des pouvoirs incroyables mais c'était soit ça, soit le syndrome de l'élu, à choisir le type banal c'était bien aussi. C'est intéressant de voir comme un mec banal tente de conjuguer ses pouvoirs avec sa vie personnelle. Marshall est un peu le trou de balle de service avec beaucoup d'idées à la con mais pour un type qui bosse dans un magasin de location de DVD, ça tient la route. L'action ne se fait pas trop attendre et le dessin complimente plutôt bien le scénario donc ça donne envie pour la suite.
Chose inhabituelle, j'ai trouvé le lettrage très pertinent, les onomatopées sont bien intégrées et ça donne presque un côté série télé à la narration, ce qui n'est vraiment pas pour me déplaire. Le contraste de personnalité des protagonistes est intéressant mais le fil rouge est un brin trop évident pour moi mais je mets ça sur le compte de mon expérience de lectrice, j'avais plus ou moins deviné le pourquoi du comment. Le retournement de situation vers la fin est moins maladroit que je ne l'aurais cru, ça ajoute en crédibilité tout en prenant le contrepied du nouveau héros qui maitrise ses pouvoirs presque à la perfection. Mon seul reproche c'est l'introduction très rapide de nouveaux personnages qui sont des variantes colorées de Radiant Black. Si les pouvoirs ne sont pas les mêmes que lui, l'effet Power Rangers est réel. Vu le scénariste je n'étais pas surprise mais je m'attendais à un peu plus de subtilité avec le thème.
Au final je suis suffisamment interessée pour continuer. Je reste un peu méfiante à l'idée d'un univers partagé parce que c'est une trop bonne excuse pour des tonnes de variant covers, de tie-in et de crossover à dormir debout. Peut-être que je me trompe et qu'ils feront ça bien, pour le moment l'autre label d'Image Comics, SkyBound semble ne pas empiéter n'importe comment avec ses licences. On verra sur le long terme. l'épisode dédié à Radiant Red dessiné par Lafuente était bien fichu, je prendrais certainement cette série aussi. En attendant restez hydratés avec de l'eau et lisez des comics !