Bavardage #33
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Something Is Killing
The Children #36
Paprika
Rédactrice Comics, LDVELH et Synthwave
Publié le 14 Juillet 2024
Format — VO
Editeur — Boom Studios
Scénario — James Tynion IV
Dessin — Werther Dell'Edera
Couleur — Miquel Muerto
Lettrage — Andworld Design — $5.99
Genre — Horreur / Surnaturel / Action
Particularités — Foil Variant — 30 Pages — $3.99
Couverture — 5 Year Foil Variant ($5.99)
Vous vous promenez tranquillement en randonnée dans les bois lorsqu'au détour d'un sentier, vous découvrez une scène d'horreur. Une chose inhumaine est explosée en plein milieu du chemin, ses tripes décorant tous les arbres aux alentours. Sur un rocher, une petite créature rouge est assise, entrain de nettoyer un couteau aussi large que son bras. Elle relève la tête et vous annonce :
"Vous devriez faire gaffe, c'est dangereux dans les parages. Y'a quelque chose qui tue les enfants."
Promenons Nous Dans Les Bois
Pour ce trente-troisième numéro je fais un bavardage d'une série que j'aime bien avec une couverture qui brille ! C'est " Something Is Killing The Children #36". Je n'ai pas choisi ce numéro au pif car il s'agit d'un numéro anniversaire La série en est à sa cinquième année d'existence. " Hé mais cinq années de douze numéros ça fait soixante, pas trente-six ! "Evidemment, y'a eu le COVID entre temps". Alors pour fêter ça, Boom Studios a sorti une couverture variante et vous me connaissez bien, je n'ai pas pu faire l'impasse ! Je connais bien l'éditeur Boom Studios car c'est eux qui ont publié un de mes comic-books tranche de vie préféré : "Giant Days" !
Le principe même de la série est ce qui m'a immédiatement emballé lorsque j'ai ouvert le premier numéro. Les enfants qui imaginent des monstres leur donnent vie à cause de leurs peurs. Et ces monstres sont bien réels, ils se lancent donc très vite en chasse pour se nourrir et avoir des rejetons. Néanmoins leur nature fait que seuls les enfants peuvent les voir. Donc lorsqu'un enfant est tué, on accuse très vite un ours ou un animal sauvage et lorsqu'ils sont emportés, ça parle de tueurs qui enlèvent des gamins. Erica est donc envoyée pour éliminer ses choses en secret.
Pendant Que Le Monstre N'y Est Pas
Nous nous retrouvons cinq ans avant les évènement actuels. Un enfant fouille son frigo en pleine nuit tandis qu'un poste télévisé annonce que des chiens ont été tués, la piste suggère un ours ou des loups. Alors que ses parents dorment, il file à l'exterieur dans une grange et donne tout à une jeune femme blonde aux traits tirés. Elle sursaute et se prépare à se battre en entendant un bruit mais il s'avère qu'il s'agit de Birdie, une chienne Saint-Bernard dont les petits ont été dévorés et elle n'en a plus qu'un. Erica compatit sincèrement avec l'animal et se prends vite d'affection pour elle.
Le lendemain, elle se rends dans la forêt environnante à la recherche de la créature tout en se posant des questions. La créature a continué de grandir alors qu'il n'y a eu que deux enfants tués jusqu'a présent donc quelque chose ne colle pas. Il arrive qu'un Oscuratype attaque des animaux mais dans le cas actuel, il semble délibérément s'en prendre aux chiens locaux. Et si au lieu d'avoir été crée par un enfant, la chose avait pris forme... à cause de la peur d'un chiot ?!
Mais Comme Il Y Est, Il Nous Mangera
C'est un joli one-shot que s'offre " Something Is Killing The Children" avec ce trente-sixième numéro. J'ai connu James Tynion IV sur " Batman" aux alentours de 2013 et bien que je n'aime pas le personnage, il y avait quelques idées sympa. Alors le voir à l'oeuvre sur un titre indépendant en étant émancipé de toute licence et de toute continuité, j'ai tenté l'aventure SIKTC sans la moindre hésitation. Le script pourra paraître un peu simple ou peu original mais l'idée est vraiment bien exploitée, les personnages sont interessants et Erica est d'une agréable complexité. De premier abord elle peut paraître froide voir monstrueuse, la nature de sa mission n'aide évidemment pas. Mais au fil des pages, on s'aperçoit très vite qu'il y a plus qu'une simple tueuse de monstres. Paradoxalement c'est l'un des personnages les plus humains de la série.
Mais mon intérêt numéro un sur cette série c'est le trait brut et crassouille de Werther Dell'Edera qui dessine des séquences acérées, des personnages élancés et de sous-bois angoissants. Les yeux de la protagoniste m'ont énormément marquée. Bon nombre de plans se focalisent dessus. Ils sont plus grands que ceux des autres personnages et quand on y ajoute les cernes noires, on obtient un personnage au look simple mais au conraste puissant, offrant au lecteur un point de repère permanent au fil des pages. Dans une case on pourrait croire qu'elle est au bout de sa vie et qu'elle va s'écrouler d'épuisement mais quelques instants plus tard, la voilà entrain de sauter, l'arme au poing et determinée à détruire les monstres. C'est pour moi l'un des personnages de comics les plus marquants de ces dernières années et certains créateurs devraient s'inspirer du concept. Une allure simple et un design fluide mais quelques détails qui la font aisément ressortir sans devoir recourir à un costume bariolé ou a une tenue improbable.
Synthèse Téléologique
La décision d'avoir fait de ce numéro anniversaire une sorte de one-shot du passé d'Erica est une excellente idée. Usuellement je suis assez réticente à ce genre d'exposition narrative mais d'avoir fait tenir l'histoire en une vingtaine de pages est vraiment bien. Il n'y a presque rien besoin de savoir tellement c'est bien pensé. On devine beaucoup de choses en lisant. Le fait d'employer un chien comme source d'Oscuratype est vraiment intéressante et sous-entends une grande possibilité de scénario. Tynion IV et Dell'Edera forment vraiment un excellent duo scénaristique. Vous ajoutez ensuite les couleurs sombres mais propres de Miquel Muerto et vous avez entre vos mains l'un des meilleurs titres indépendant de ces dernières années. Le dosage horreur/action/ambiance est bien dosé. On pourra regretter un certain degré de répétition au fil des numéros. L'arc narratif " Archer's Peak" se déroule dans une petite ville pas loin d'une forêt et c'est un environnement très réccurent dans la série et ici c'est encore le cas. Rien de grave mais je déconseille de lire 36 numéros d'une traite si vous êtes sensible à ce genre de chose.
Pour ce qui est de l'ambiance générale de la série je dirais que c'est due " X-Files" saupoudré de " Stranger Things" sauf que c'est pas une agence gouvernementale qui en a après les mômes mais une femme venue d'une organisation secrète qui fait de son mieux pour les sauver. Je sais qu'il y a une série spin-off, " House of Slaughter" qui est publiée en parallèle depuis peu mais je n'ai encore acheté le tome 1 ( Je l'ai précommandée en TPB oui). Mais pour l'instant je trouve que le récit principal se suffit très bien à lui-même. Il y a évidemment une intrigue interne à cette fameuse organisation mais ce numéro nous a laissé entrevoir une bribe du passé d'Erica et c'est ce m'intéresse le plus dans l'immédiat. Donc j'avoue que c'est avec une certaine impatience que j'attends les nouveaux numéros chaque mois aux côtés de " TransFormers" et " Teenage Mutant Ninja Turtles" !